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  • Ou le diable -qui sait ?- peu m'importe...

    huppert22.jpgJ'aime les combats d'impossible, les sommets d'altitudes, les belles garces.

    Moucheron, hanneton, plumetis de rien ou si peu, tout en minuscule, j'ai toujours eu l'art des cognages de lion, des aplatissements, des battages à plate couture. Moi, bras nu, technique de Don Quichotte, sabre au clair et tête nue. Elle fière, altière, princesse sur trône assurée, bardée de milles armées et soldats vaillants ou entraînés. Jeanne d'arc en son armure, vierge de compassion.

    Là voila...enfin! Chevelure aux yeux, captivante, poumons aux vents, lèvres assassines, cuisses sanguines, vêtue seulement d'un jupon  et dessous, brassière de petit matin aux pieds nus, teinte crème sur fesses rebondies. Mutine , friponne, elle me sourit. Elle est sur le carreau, demi nue. Brune si brune, peau d'albâtre et perfide, leste  de reins, souple de hanches nues, ma gymnaste, douce acrobate , mon arachnide qui dans sa toile m'attire, m'enrubanne, son suc délicieux me fait nappage...

    Ou bien encore celle d'hiver, bottée, éphémère, courant main en main sous la pluie d'après cinéma... chapeau mou jusqu'aux yeux , crayon noir, bulle de garce, impertinente , tentatrice qui m'embrasse comme une enfant dit-elle, mais à pleine bouche sous le porche de la rue droite. Moyen-âge de sa sorcellerie. J'entends les pas sur le pavé. C'est eux déjà. Mes bourreaux, mes bourreaux de demain qui viennent m'emmener, mes agneaux, mes grands libérateurs, coupant mon col, m'offrant mon dernier tabac. J'expire enfin, souffle court. Dieu que c'est bon. Aimer l'impossible, goûter l'improbable, fruit interdit, paradisiaque Circée, rouge angelotte...

    Garnie de douceur, succulence de son goût, ampleur de sa chair...

    Ainsi, me suis-je adonné, sans doute au début par mégarde tout autant que par méprise, à toutes causes perdues d'avance,  amours vaines, incendiaires en carapate, petites voleuses singulières, diablesses de damnation ou autres bretonnes insaisissables. J'ai joué, souvent perdu et tant mieux.

    Etre vaincu n'est rien quand c'est par Dieu lui-même.. ou le diable -qui sait ?- peu m'importe...

  • trash-yéyé aussi

    l'idée des ruptures me plait... des fins de siècles, des morts d'amour, des finistères...

    Tout comme les naissances d'amour, leur rupture en est le duvet doux, délicat, son palpitement de vie, son indice, sa trace. Déjà, son vestige.

    J'aime ces mots à elle, yeux baissés mi honteuse-tout mépris et qui efface d'un souffle de voix tout ce qui brutalement ne se nomme plus que "passé".

    J'aime l'instant où finit le lien précis, rare, avec elle, la belle d'avant là, l'amoureuse partie, l'infidèle, la perdue, la salope, la -plus jamais aimante... mais tu m'entends ? plus jamais !-.

    J'aime ce sentiment, vu revu, rabâché, ce truc vulgaire, commun, ces mêmes verbes, ces mêmes lâchetés de tous et de tous temps... cette easy  mélodie, ce gentil yéyé des fins d'amours

    J'aime le trash de ses larmes... à elle, après les miennes, qu'elle voit bien ma douleur la garce.

    J'aime ces insomnies, ces anonymes appels en pleine lune, cet envahissement de mots écrits pour qu'elle mesure le dégât... et elle déjà enfuie, ailleurs.

    J'aime après ces espoirs sans espoir, ces fins interminables, ces adieux qui ne se disent pas, ces élans d'épiderme encore, ces choses venues d'hormones. C'est ta bouche qui me plait, c'est ton ventre qui me manque, c'est ta queue que j'aimais bien, en moi. Mais c'est fini. Plus jamais après là... tout de suite.

    J'aime ces formes de pardon, j'aime mes pleurs sans fin, comme un enfant, j'aime mes mots d'orgueil.

    J'aime alors son abandon (l'autre) pas celui du début qu'est victoire... mais l'autre, celui qui laisse seul.

    J'aime le temps qui passe et  qui rend évident cette sublime découverte: l'amour ne se tait pas, il persiste, revêche au mortel. Même lointaine, quittée, sourde ou muette, celle d'hier est là toujours, l'aimée parmi les autres.

    C'est ma première et seule vision de "polyamour".. qui fait que la bouche pleine de sang murmurant notre "c'est dégueulasse"à  nous, l'on sait aussi que l'amour s'accumule inéxorable, inextinguible, multiple, infini.

     

     

     

  • au temps jadis

    15052006_noces_funebres.jpg

    Quand j'étais ce que nous appelerons enfant, j'avais vertu d'être amoureux... je le faisais avec passion et déraison.

    Appréciant le goût de la douleur d'aimer

    je me plaisais à croire pouvoir possèder

    Mais le temps guérit de tout et même de ces infantiles croyances

    de ces postures, de ces manières...

    De tout cela il reste quoi... quelques textes maladroits que je relis,

    comme penché sur soi, l'on se souvient des écorchures aux genoux

    données par l'impétueux du temps cadet...

    Voici donc:

     Il est des jours et puis des autres.
     
     Il est des jours où il suffit d'ouvrir les yeux et trouver la nature vert
     pomme, sucrée et qui en perles coule, à la portée de ses désirs.
     Il est des autres où tout semble s'échapper, se refuser.
     Il est des jours de plein soleil ou l'on sait la candeur de la vie, le
     détail de l'envie, la texture précise du plaisir.
     Il est des autres où l'on ne sait plus que le vide et puis l'insuffisance,
     l'angoisse de l'après.
     
     Il est des jours de bleu.
     Et des autres de gris.
     Il est des jours d'avec
     Et des autres de sang.
     Il est des jours de papillons
     et d'autres de peines dégueulasses
     
     Il est des jours de rivières claires et riantes.
     Des jours de fièvres brûlantes.
     Il est des autres de sombres nuits
     et de son âme toujours de pluie.
     
     Il est des jours où j'étais
     Il est des autres où plus jamais je ne serai.
     Il est des jours où dans l'herbe je te prenais
     Il est des autres où sous l'eau noire j'étoufferai
     
     Il est des jours de bleu.
     Et des autres de gris.
     Il est des jours d'avec
     Et des autres de sang.
     Il est des jours de papillons
     et d'autres de peines dégueulasses
     
     Il est des jours de hanches obscènes, de poignets délicats, du rouge
     liquide que l'on avale, il est des jours de tes yeux
     Il est des autres de la miséricorde de Dieu
     Il est des jours de genoux délicats
     et d'autres presque pas
     
     Il est des jours de vergers, il est des jours de sève , de feuilles
     orangées sur le sol de la terre
     Et d'autres d'écorces amères
     
     Il est des jours de bleu.
     Et des autres de gris.
     Il est des jours d'avec
     Et des autres de sang.
     Il est des jours de papillons
     et d'autres de peines dégueulasses


     
     Il est des jours où tu m'attends
     Il est des autres où tu me mens
     Il est des jours de cène
     Il est des autres où tu m'as dit je t'aime
     
     Il est jours de promesses
     Et d'autres où l'on se laisse
     
     Il est des jours, je m'en souviens, il est des jours où j'ai grandi, des
     jours de lune, d'étoiles assemblées, d'ivresse au balcon, de désir retenu,
     il est des jours qui furent
     Il est des autres de bouche ouverte dans l'océan où l'on n'attend plus que
     de se perdre.
     
     Il est des jours -tu t'en souviens ?- des jours de sucre, de thé qui
     brûle, des jours de nuits qui ne finissent pas, des jours de chat, des
     jours de toi
     Il est des autres que je ne reconnais pas
     
     Il est des jours de bleu.
     Et des autres de gris.
     Il est des jours d'avec
     Et des autres de sang.
     Il est des jours de papillons
     et d'autres de peines dégueulasses
     
     Il est des jours d'Icare, j'étais si beau alors... je parcourrai l'éther,
     léger, léger, je venais, oui je venais si souvent, j'étais oui j'étais,
     jusqu'entre tes doigts, jusque dans le plus profond, cette chose qu'on
     appelle le cœur, mais par l'allée humide je passais, oui je passais,
     c'était des jours de mai, de juillet, c'était 15h, c'était après, je
     savais oui je savais, c'était des jours que j'ignorais (imbécile que
     j'étais de ne pas savoir qu'il fallait profiter), je regardais oui je
     regardais, la renaissance de moi, l'oubli que tu avais des choses du
     passé, j'aimais oui j'aimais, te voir, te basculer, je déchirais un peu
     comme un agneau, de mes mots, de mes doigts ou de ma queue, oui je
     déchirais, je volais des minutes, je dérobais ton âme... ah ah ah, j'étais
     si drôle, si délicat, ô ton amant de courtes nuits, ô ton obscène d'après
     midi.. t'en souviens-tu ma rêvée ?... j'étais gustave en son irrégulière,
     sa passagère.. montre encore le cramoisi de ton antre que j'aime un peu ta
     personne, que je goûte à ton âme guerrière... mon indécise, ma méchante,
     ma cruelle... et je montrai mes pages, oui mes pages, conscience d'ange
     que j'offrais à ton intérieur d'inconnu, ma paisible retenue, ma délicate
     enlisée dans la mouvance de l'orgueil et de la peine donnée par l'autre
     qui te plaît... ô mon organe de vie, qu'elle était tendre la vie, qu'elle
     était belle ta maison, que je l'aimais, que ma peine d'avant y était
     adoucie... j'étais celui, oui j'étais celui par pans entiers, énormes (un
     jour, deux jours, puis trois autres d'un coup.. presqu'une vie, presque),
     j'étais celui que tu baisais, j'étais là... voyez le héros qui écrit... ô
     ma comète.. c'est ta poussière juste que je récolte, dans chaque bribe,
     dans chaque pli des tissus que tu as effleurés, poussière d'ange, de
     démon, ocre et abyssale, presque magique, mémoire des druides de ta
     naissance. C'était des jours et je riais, je bataillais de tes adieux, de
     tes peut-être, je ne voulais plus te quitter - tu t'en souviens ?- je
     partais pour retrouver le goût du revenir... ô mon potiron, ma cuneguonde
     qui m'amusait, me faisait tordre la bouche d'envie et de plaisir, qui  me
     rendait jaloux... sais tu qu'il est des jours d'Icare, de belles luttes ?
     Sais-tu qu'il est des autres de graves chutes ?
     
     Il est des jours de bleu.
     Et des autres de gris.
     Il est des jours d'avec
     Et des autres de sang.
     Il est des jours de papillons
     et d'autres de peines dégueulasses
     
     Il est des jours de bretonne
     et d'autres qui nous étonnent
     
     Il est des jours de cris, de chair et sans souci
     Et d'autres que tu oublies
     
     Il est des jours, je regardais la vie, j'y voyais des couleuvres et je
     disais "c'est rien".
     Il est des autres où je n'ai plus envie… de rien
     
     Il est des jours de bouffées, de nuées et de battements d'ailes, de
     coléoptères agiles, des jours de brusque renommée
     Il est des autres que je ne peux nommer
     
     Il est des jours où j'ai cru t'approcher où j'ai su te toucher, entendre
     le murmure de la peau qui palpite, des  lèvres qui réclament, des jours de
     langue... il est des jours, j'y étais, là, dans l'exact et le juste, des
     jours d'improbables mais de matière aussi, des jours de nuit à te lire, à
     t'écrire, des jours à être immense et minuscule aussi.
     Et d'autres d'aujourd'hui...
     
     Il est des jours de bleu.
     Et des autres de gris.
     Il est des jours d'avec
     Et des autres de sang.
     Il est des jours de papillons
     et d'autres de peines dégueulasses
     
     Il est des jours où j'étais avec toi
    et d'autres où je ne m'en sors pas...

    ...septembre 2003