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au temps jadis

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Quand j'étais ce que nous appelerons enfant, j'avais vertu d'être amoureux... je le faisais avec passion et déraison.

Appréciant le goût de la douleur d'aimer

je me plaisais à croire pouvoir possèder

Mais le temps guérit de tout et même de ces infantiles croyances

de ces postures, de ces manières...

De tout cela il reste quoi... quelques textes maladroits que je relis,

comme penché sur soi, l'on se souvient des écorchures aux genoux

données par l'impétueux du temps cadet...

Voici donc:

 Il est des jours et puis des autres.
 
 Il est des jours où il suffit d'ouvrir les yeux et trouver la nature vert
 pomme, sucrée et qui en perles coule, à la portée de ses désirs.
 Il est des autres où tout semble s'échapper, se refuser.
 Il est des jours de plein soleil ou l'on sait la candeur de la vie, le
 détail de l'envie, la texture précise du plaisir.
 Il est des autres où l'on ne sait plus que le vide et puis l'insuffisance,
 l'angoisse de l'après.
 
 Il est des jours de bleu.
 Et des autres de gris.
 Il est des jours d'avec
 Et des autres de sang.
 Il est des jours de papillons
 et d'autres de peines dégueulasses
 
 Il est des jours de rivières claires et riantes.
 Des jours de fièvres brûlantes.
 Il est des autres de sombres nuits
 et de son âme toujours de pluie.
 
 Il est des jours où j'étais
 Il est des autres où plus jamais je ne serai.
 Il est des jours où dans l'herbe je te prenais
 Il est des autres où sous l'eau noire j'étoufferai
 
 Il est des jours de bleu.
 Et des autres de gris.
 Il est des jours d'avec
 Et des autres de sang.
 Il est des jours de papillons
 et d'autres de peines dégueulasses
 
 Il est des jours de hanches obscènes, de poignets délicats, du rouge
 liquide que l'on avale, il est des jours de tes yeux
 Il est des autres de la miséricorde de Dieu
 Il est des jours de genoux délicats
 et d'autres presque pas
 
 Il est des jours de vergers, il est des jours de sève , de feuilles
 orangées sur le sol de la terre
 Et d'autres d'écorces amères
 
 Il est des jours de bleu.
 Et des autres de gris.
 Il est des jours d'avec
 Et des autres de sang.
 Il est des jours de papillons
 et d'autres de peines dégueulasses


 
 Il est des jours où tu m'attends
 Il est des autres où tu me mens
 Il est des jours de cène
 Il est des autres où tu m'as dit je t'aime
 
 Il est jours de promesses
 Et d'autres où l'on se laisse
 
 Il est des jours, je m'en souviens, il est des jours où j'ai grandi, des
 jours de lune, d'étoiles assemblées, d'ivresse au balcon, de désir retenu,
 il est des jours qui furent
 Il est des autres de bouche ouverte dans l'océan où l'on n'attend plus que
 de se perdre.
 
 Il est des jours -tu t'en souviens ?- des jours de sucre, de thé qui
 brûle, des jours de nuits qui ne finissent pas, des jours de chat, des
 jours de toi
 Il est des autres que je ne reconnais pas
 
 Il est des jours de bleu.
 Et des autres de gris.
 Il est des jours d'avec
 Et des autres de sang.
 Il est des jours de papillons
 et d'autres de peines dégueulasses
 
 Il est des jours d'Icare, j'étais si beau alors... je parcourrai l'éther,
 léger, léger, je venais, oui je venais si souvent, j'étais oui j'étais,
 jusqu'entre tes doigts, jusque dans le plus profond, cette chose qu'on
 appelle le cœur, mais par l'allée humide je passais, oui je passais,
 c'était des jours de mai, de juillet, c'était 15h, c'était après, je
 savais oui je savais, c'était des jours que j'ignorais (imbécile que
 j'étais de ne pas savoir qu'il fallait profiter), je regardais oui je
 regardais, la renaissance de moi, l'oubli que tu avais des choses du
 passé, j'aimais oui j'aimais, te voir, te basculer, je déchirais un peu
 comme un agneau, de mes mots, de mes doigts ou de ma queue, oui je
 déchirais, je volais des minutes, je dérobais ton âme... ah ah ah, j'étais
 si drôle, si délicat, ô ton amant de courtes nuits, ô ton obscène d'après
 midi.. t'en souviens-tu ma rêvée ?... j'étais gustave en son irrégulière,
 sa passagère.. montre encore le cramoisi de ton antre que j'aime un peu ta
 personne, que je goûte à ton âme guerrière... mon indécise, ma méchante,
 ma cruelle... et je montrai mes pages, oui mes pages, conscience d'ange
 que j'offrais à ton intérieur d'inconnu, ma paisible retenue, ma délicate
 enlisée dans la mouvance de l'orgueil et de la peine donnée par l'autre
 qui te plaît... ô mon organe de vie, qu'elle était tendre la vie, qu'elle
 était belle ta maison, que je l'aimais, que ma peine d'avant y était
 adoucie... j'étais celui, oui j'étais celui par pans entiers, énormes (un
 jour, deux jours, puis trois autres d'un coup.. presqu'une vie, presque),
 j'étais celui que tu baisais, j'étais là... voyez le héros qui écrit... ô
 ma comète.. c'est ta poussière juste que je récolte, dans chaque bribe,
 dans chaque pli des tissus que tu as effleurés, poussière d'ange, de
 démon, ocre et abyssale, presque magique, mémoire des druides de ta
 naissance. C'était des jours et je riais, je bataillais de tes adieux, de
 tes peut-être, je ne voulais plus te quitter - tu t'en souviens ?- je
 partais pour retrouver le goût du revenir... ô mon potiron, ma cuneguonde
 qui m'amusait, me faisait tordre la bouche d'envie et de plaisir, qui  me
 rendait jaloux... sais tu qu'il est des jours d'Icare, de belles luttes ?
 Sais-tu qu'il est des autres de graves chutes ?
 
 Il est des jours de bleu.
 Et des autres de gris.
 Il est des jours d'avec
 Et des autres de sang.
 Il est des jours de papillons
 et d'autres de peines dégueulasses
 
 Il est des jours de bretonne
 et d'autres qui nous étonnent
 
 Il est des jours de cris, de chair et sans souci
 Et d'autres que tu oublies
 
 Il est des jours, je regardais la vie, j'y voyais des couleuvres et je
 disais "c'est rien".
 Il est des autres où je n'ai plus envie… de rien
 
 Il est des jours de bouffées, de nuées et de battements d'ailes, de
 coléoptères agiles, des jours de brusque renommée
 Il est des autres que je ne peux nommer
 
 Il est des jours où j'ai cru t'approcher où j'ai su te toucher, entendre
 le murmure de la peau qui palpite, des  lèvres qui réclament, des jours de
 langue... il est des jours, j'y étais, là, dans l'exact et le juste, des
 jours d'improbables mais de matière aussi, des jours de nuit à te lire, à
 t'écrire, des jours à être immense et minuscule aussi.
 Et d'autres d'aujourd'hui...
 
 Il est des jours de bleu.
 Et des autres de gris.
 Il est des jours d'avec
 Et des autres de sang.
 Il est des jours de papillons
 et d'autres de peines dégueulasses
 
 Il est des jours où j'étais avec toi
et d'autres où je ne m'en sors pas...

...septembre 2003

 

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