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Bercail des âmes en buée - Page 3

  • Renacimiento

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    «          - Tapi en pénombre de presque mort, je guette…

     

    Que dire ? que l’écorce a poussé sur ma peau, feuillage dru en place de barbe ?

    Enlisé sous le sable voilà, presque déjà mort et puis ?

    Et puis… toujours il y a un après. Quoi ? un purgatoire, un enfer, un eden délicat, un sublime…

     

    Je guette donc et la voilà, ange déguisé en noir sombre et de rouge écarlate. Elle se profile sur mefisto.com, estampillé « dédié à ceux qui ont vendu quelque chose au diable ».

    Alors…

    Le mot exact est vibration, pulsation de veine bleue, au poignet, trace de vie encore, toujours, sentiment tenace.

    Docteur ? Y croyiez vous encore… je veux dire après tout ce temps de coma ?

    -         Comme dans « le scaphandre et le papillon », je crois que c’est le film qui parle de ça. Vous voyez tout arrive. La foi et la médecine font des miracles de nos jours. Vous me devez 100 euros…

    -         Ah oui quand même… m’en fous, cela ne compte pas. La seule inquiétude c’est quand la source sera tarie, vais-je quitter ma rémission et retrouver ma chambre de condamné ?

    -         Probablement… trimer alors, faites en sorte que jamais la source ne tarisse… c’est le nerf de la guerre

    -         Et l’essence de l’amour… euh pardon du sexe

    -         Vous êtes un éternel pessimiste

    -         C’est quoi pessimiste docteur ? c’est celui qui peut prédire la fin des choses ? alors oui je suis pessimiste

    -         Indécrottable. 

    -         Peu importe, ce n’est plus le sujet. Reprenons :

    Tapi en pénombre donc je guettais. Je l’ai vue. Echancrée, provocante, tentatrice, cruelle forcément.

    J’ai aimé ce bref instant, où ses doutes ont croisé les miens, ses chairs frôlé les miennes…

    C’est une histoire ? Non pas vraiment. Il est impossible que cela en soit une, c’est un chapitre simplement. Pour l’instant je ne veux en voir la fin. Je relis le passage, mélange les mots, comme nos langues, espérant que la grammaire qu’elle a érigé en règles protectrices, en dogme, s’estompe avec le temps.

    Je ne lui veux pas de mal voyez-vous docteur… je veux partager le plaisir simplement, lui montrer la douceur. Vous connaissez mon fantasme d’être le messie des âmes pures.

    -         Oui je sais c’est saint Paul : « pour les êtres purs tout est pur »… ou à peu près

    -         Exactement je suis le messie de la pureté des âmes noires, des immoraux. Je crois qu’elle a saisi cela.

    -         Et au final bercail ?

    -         Au final ? je crois que le vainqueur est l’impatience, celle de l’effleurer à nouveau, longtemps, celle de l’entendre murmurer, gémir, crier…

  • Je suis une pétasse…

     
     

     

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    Je suis une abominable pétasse. Une intouchable, une diva, une bien pire que ces pimbêches précieuses, délicates, élégantes à la mode, méchées au front, ceinturées aux hanches succulentes, qui font de nos désirs des tortures, de nos regrets des enfers. 

     

    Enfant d’ailleurs, je voulais être Cary Grant ou Steve Mac Queen, je rêvais d’admiration, bien au-delà d’amour ou même de passion.

    Impeccable, haut et  fier, dans un trench coat classieux, cigarette vissée aux lèvres, col roulé sombre sur pectoraux métalliques, automobile idoine et posture adéquate. Belmondo dans « A bout de souffle », le pouce impertinent frottant mes lèvres dans ce geste magnifique. Mac Queen dans Bullit. Souvent roulant en Porsche ou Jaguar, l’ensemble gris métal. Serein, magnifique, imperturbable, incidemment protecteur… et sans en avoir l’air.

    J’écoutais du jazz. Miles Davies dans « Ascenseur pour l’échafaud » ou le  « Concierto de Aranjuez », Chet Baker. J’ai même fumé des Craven, en m’odorant d’Issé Miyaké. Putain, j’avais la classe…

    Alors à force d’élégance factice je suis devenu plutôt que gay (j’aurai pu), une pétasse en gant de cuir. Une formidable pétasse. Susceptible, cyclique, se guettant dans les miroirs. Je chouinais à moindre excuse ou toute forme de contrariété. Je jouais la mijaurée, l’intouchable, la précieuse.

    Je lisais les inrocks et choisissaient mes cinés en bible des cahiers. Dandy d’excellence, je faisais mine d’être, héroïque, romanesque, élégant, inébranlable.

     

    Puis, un jour, j’ai appris que Mac Queen et Grant battaient leurs femmes, que Belmondo avait adopté un yorkshire, alors je suis devenu conformiste. J’ai pris un boulot de fonctionnaire et acheté des charentaises, un pyjama Calvin Klein (fallait changer en douceur).

     Alors sans doute suis je devenu une sorte de pétasse introvertie, en sommeil.

     

     

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  • Au souvenir de votre langue

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    A votre langue torture de moi, de mes précipices de désir qui me faisait rester là au bord de moi, comme enfant roi à l’aube d’être, comme agneau, naissance de loutre effarée.

    A cet objet d’entrelacs aux fonctions diverses et magnifiques comme me dire votre désir, mouiller vos lèvres ingénues, me murmurer vos secrets d’autrefois.

    A cet appareil de mentir, et de dévorement de moi tout à la fois.

    A cet animal délicat.

    A ce que de vous elle laissa en moi, comme pyramides d’Egypte pour mille siècles sans trépas, empire à pas feutré, joug somnolent, indolente soumission…

    A son artifice adroit.

    A sa pulpe venimeuse, qui abreuvait ma quête d’autrefois.

    A sa verve.

    A sa naïve parole, aux mots tracés par ses courbes, ses figures, circonvolutions énigmatiques et joliment habiles qui me disaient l’intime de vous.

    A sa promesse d’autres parcours plus étroits, chemin de courses effrénées, en chevauchement ambigu, contigu, vers votre secret endroit.

    A sa langueur d’assassine, noire comme araignée, sous tissu de dentelle fine.

     

    J’ai toujours dans l’œil de ma mémoire -en pénombre- votre buste droit, odalisque bambine que mon stratagème avait rapproché de moi, tout à coup s’abattant… puis votre langue cherchant la mienne pour me dire tout ce que l’on ne dit pas jamais.

     

    Le temps passe pourtant.